Histoire de l’Abricot des Baronnies

Si vous avez quelques minutes et que vous êtes curieux de l’histoire de l’Abricot des Baronnies, vous êtes au bon endroit!


La vocation arboricole des Baronnies trouve ses origines au 19ème siècle, et n’a cessé depuis de se développer.

1ère phase, avant 1880 : l’abricotier est cultivé dans les Baronnies, mais les débouchés restent souvent familiaux
2ème phase, 1880-1920 : le tournant commercial

Lors de cette seconde phase, « la production fruitière a pris une orientation nettement
commerciale, faite en vue de débouchés plus ou moins lointains ». Cette évolution est liée à la multiplication des moyens de transports, principalement la mise en service de la voie ferrée qui allait jusqu’à Buis et Nyons. Cette période connait aussi le développement de transformateurs avec l’installation de deux usines à Nyons : les Etablissement Roullet et Les produits du Dauphiné.

3ème phase, 1920-1950 : une accélération de la plantation

Dans l’ensemble du bassin, on pourrait estimer à 10 le coefficient de multiplication de la production entre 1920 et 1940, principalement grâce à l’arrivée du chemin de fer qui permet « d’exporter » les abricots. Les témoignages oraux montrent qu’à cette époque beaucoup de producteurs ont planté leurs premiers « réels » vergers d’abricotiers, c’est à dire des parcelles complètement réservées à la production d’abricots.

A partir des années 50 : ancrage profond de la culture de l’abricotier dans le verger Baronniard

L’implantation de vergers d’abricotier gagne les régions profondes et les vallées isolées. Ce mouvement se produit au début des années 50, comme l’indique l’ouvrage, Les vergers de la Drôme, 1963 : « Depuis une dizaine d’années, l’abricotier s’est solidement implanté dans la
région des Baronnies et du Nyonsais où il semble trouver un microclimat particulièrement propice ». La période 1920-1950 peut être considérée comme une période d’essai pendant laquelle on s’est rendu compte que l’abricotier était très bien adapté au terroir local et bien rentable, de surplus. La période d’après-guerre était bel et bien la période de la « folie de l’abricotier ! ».

On remplace alors beaucoup d’espèces fruitières par l’abricotier. Cet engouement pour ce dernier va même plus loin, puisque l’« on constate le défrichement de nombreuses parcelles de terres incultes ou même de landes et de garrigues dans la région des Baronnies et sur des collines parfois très escarpées, pour effectuer des plantations d’abricotiers. » (Les vergers de la Drôme 1963). Le gel de 1956 a été dévastateur pour les oliviers, situation qui a débouché sur une vaste campagne d’arrachage. A la place, ce sont principalement des abricotiers qui ont été replantés, le phénomène s’étendant sur le secteur de Nyons et sur le sud du secteur de Buis-les-Baronnies.

D’ailleurs, à cette époque, l’abricot se vend à prix d’or et on s’aperçoit vite qu’il est extrêmement bien adapté au terroir local, et qu’il se plaît notamment très bien sur les coteaux. Donc, petit à petit, l’engouement pour la plantation d’abricotiers est remonté dans les montagnes. Après Mirabel-aux-Baronnies, Buis-les-Baronnies et Nyons, il est monté dans les vallées de Sainte-Jalle, par exemple, où il remplace les troupeaux, les productions fourragères et la lavande. On estime que la production du bassin a encore été multipliée par 10 entre les années 50 et les années 70-80.

L’abricot devient donc la production du bassin. A partir des années 80, on peut même parler de monoculture pour certaines exploitations. Cela entraine une importante croissance du bassin de production au niveau départemental voire national. Très vite les Baronnies deviennent le plus gros centre producteur d’abricots de la Drôme. En 1980, le bassin représente, en surface, 70% du verger d’abricotier drômois, alors que la région de Tain-l’Hermitage n’en représente que 25% (Atlas agricole de la Drôme).

Buis-les-Baronnies. – Vue de la ville, Archives départementales de la Drôme (1961)

A partir des années 1995 jusqu’à aujourd’hui: renforcement et
diversification

Cette période marque la transition entre la période où l’Orangé de Provence occupait la quasi-totalité des surfaces à une période de renouvellement d’un verger vieillissant. L’Orangé de Provence représente actuellement un tiers des surfaces (Source Fdgdon Drôme).
Cependant c’est une variété qui n’est plus plantée depuis près de 10 ans. Il conserve un débouché sur certains marchés, comme celui de l’Agriculture Biologique et de la transformation.
Actuellement le verger se diversifie. Sur les variétés plus récentes, l’effet du milieu naturel des Baronnies est marquant. L’Orangered et le Bergeron ont des couleurs et des qualités gustatives améliorées par l’effet terroir.
Cette différenciation des produits se traduit souvent par une valorisation commerciale spécifique pour la provenance Baronnies. Orangered-Bergeron-Bergarouge sont de bons exemples historiques de ces différenciations faites par les acheteurs.

En résumé, les Baronnies sont un territoire et des hommes voués à la culture de l’abricot depuis plusieurs générations. Le développement de cette production d’abricots à partir du début du 20 siècle découle d’une forte adaptation de cette culture au milieu. Depuis, le verger n’a pratiquement pas cessé de s’accroître, et aujourd’hui l’abricot est indissociable de la culture et de la vie économique et sociale des Baronnies.


La démarche IGP Abricot des Baronnies vue d’en haut !